Les journées furent longues et insipides pour Lacey. De longues journées sans aucun sens : elle était enfermée dans cet asile depuis elle ne savait pas combien de temps. Elle avait même la vague impression d’avoir toujours été là. Toujours les mêmes murs, toujours la même nourriture aseptisée, jamais une seule visite à part cette femme mystérieuse qui se contentait de l’observer quelques minutes par la petite fenêtre encastrée dans la porte avant de disparaître.

Mais un matin, tout changea. Un homme étrange vint la libérer de sa prison blanche et lui ordonna de retrouver un certain Gold afin de lui dire que « Regina » l’avait enfermé et qu’elle devait être protégée. Sans attendre son reste, il la planta là, la porte grande ouverte. Lacey se dit immédiatement que le gars en question n’était qu’un grand malade. Mais après tout, c’était elle qui avait été enfermée dans cet asile pendant tout ce temps alors… Elle lui devait au moins un peu de reconnaissance. Lentement, elle sortit pour la première fois de sa cellule et s’enfonça dans le couloir sombre.

Visiblement, l’hôtesse d’accueil avait été droguée. Elle était assoupie sur son bureau. Sans demander son reste, Lacey monta quatre à quatre les escaliers. Après tout, elle avait enfin la chance d’être libre, ç’aurait été trop bête de s’arrêter en si bon chemin et de se faire attraper par l’hôtesse qui se réveillait de son somme. Elle attrapa rapidement un vieux gilet et des chaussures qui trainaient dans un cagibi ouvert et sortit le plus vite possible de l’hôpital.

La lumière du jour l’éblouie tellement qu’elle dut fermer les yeux. Jamais elle n’avait vu autant de lumière. Trop habituée à la voir par la minuscule fenêtre de sa cellule, elle n’avait jamais imaginée que le jour était si lumineux lorsqu’on était libre… Au tout départ, elle n’avait aucune intention d’écouter ce que son sauveur lui avait dit. Si ça se trouve, c’était un échappé d’asile lui aussi. Et si Gold n’existait pas ? Et si jamais il existait mais qu’il ne comprendrait rien de ce qu’elle lui dirait ?

Après tout, elle-même ne le connaissait pas ce type. Elle avait beau chercher dans sa mémoire, ni son nom ni son visage ne lui revenait. Mais elle reconsidéra l’option lorsqu’elle aperçut au loin une enseigne de boutique annonçant « Mr. Gold, Pawnbroker & Antiquities Dealer ». Elle jeta un rapide coup d’œil autour d’elle. Cette ville, elle ne la connaissait pas du tout, elle ne connaissait personne n’avait nulle part où aller alors que pouvait-elle faire d’autre que de tenter sa chance chez Gold ?

Après un long soupir, elle remonta la rue en direction de l’échoppe et poussa la porte d’entrée. Une clochette retentit à son passage. Elle referma la porte et s’avança dans l’allée centrale. Un homme était débout derrière le comptoir, de dos. A en juger par ses cheveux il devait avoir une cinquantaine d’année environ…

-Excusez-moi vous êtes bien Monsieur Gold ?

L’homme se retourna vivement, sans la regarder cependant. Visiblement, il voulait en finir vite avec cette conversation.

-Oui, c’est moi, mais la boutique est fermée alors je…

Il se figea soudain, comme s’il avait vu un fantôme… Décidément. Lacey se demandait pourquoi c’était elle qui avait été enfermée pendant tout ce temps alors que les autres semblaient bien plu fou qu’elle. Ne perdant pas courage, elle poursuivit :

-En fait on m’a… on m’a recommandé de venir vous voir et de vous dire que… et de vous dire que c’est Regina qui m’a enfermé. Est-ce que tout ça a un sens pour vous ?

Parce que pour elle, c’est clair que cela n’avait aucun sens. Maintenant qu’elle l’avait devant elle, elle en était certaine, ou presque. Elle ne connaissait pas Gold. L’homme mis un certain temps avant de répondre. Il s’avança lentement, s’appuyant fortement sur sa canne comme s’il craignait de s’évanouir. Lorsqu’il arriva à sa hauteur, il leva sa main vers l’épaule de Lacey et l’agrippa avant qu’elle ne puisse faire quoi que ce soit. Un peu effrayée par un tel comportement, elle se contenta de jeter un bref coup d’œil à la main qui la tenait toujours avant de reporter son attention sur l’homme qui finit par lui
répondre.

- Tu es bien réelle… Tu es en vie… C’est elle qui t’as fait ça ?
- On m’a aussi dit que vous alliez me protéger
- Oh oui… Oui je vais te protéger !

A cette dernière phrase, il l’avait pris dans ses bras et la serrait contre lui comme s’il venait de retrouver quelqu’un qu’il avait perdu depuis longtemps, quelqu’un de très cher à ses yeux. Lacey se laissa faire sans lui rendre son geste d’affection cependant. Tout cela était brumeux dans son esprit. La connaissait-il ?

- Euh excusez-moi est-ce que… est-ce que je vous connais ?
- Non… Mais ça viendra…

Après avoir encore passé quelques minutes à la contempler, il lui avait demandé de l’accompagner. Il lui avait expliqué qu’avant de s’occuper pleinement d’elle, il avait une dernière affaire à régler. Lacey décida de le suivre, après tout, que pouvait-elle faire d’autre ? Il l’emmena dans les bois. Gold marchait rapidement, même très rapidement pour un estropié et la jeune femme prenait bien garde de maintenir une distance de sécurité avec lui. Il avait accepté de l’aider mais il l’avait aussi pris dans les bras sans raison apparente et l’avait emmené dans la forêt, un endroit isolé alors si ce type était un fou furieux elle…

Mais elle n’eut pas le temps de poursuivre ses pensées…

Non elle n’eut pas le temps de poursuivre ses pensées car elle ressentit au creux de son estomac une secoue incontrôlable. Une vague de chaleur lui traversa tout le corps et elle eut l’impression de renaître, de naître une nouvelle fois, de voir la lumière du jour pour la première fois. Les souvenirs, encore brumeux revenaient peu à peu et elle en eut des vertiges. Lacey… Non… Lacey n’avait jamais existé ! Son prénom  elle c’était Belle, elle était une princesse d’un petit royaume et du haut de ses 28 ans, elle avait déjà vécu beaucoup de chose. Et cet homme, quelques mètres devant elle n’était pas Gold ! C’était…

- Une minute !
- Non, viens on y est presque.
- Rumpelstilskin, attends ! Je me souviens de toi. Et… Et je t’aime !

Oh oui, elle s’en souvenait maintenant, cette flamme dévorante tout au fond de son cœur. Ses pulsations cardiaques ne cessaient de s’accroître à mesure qu’elle recouvrait la mémoire et qu’elle regardait l’homme qui avait été et qui était toujours l’homme de sa vie. Sans plus attendre, elle se jetta dans les bras et l’homme lui rendit son étreinte avec fougue.

- Oui… Oui… Je t’aime moi aussi. N’aie crainte nous aurons le temps pour ça. Pour ça et pour tout le reste. Mais avant… il faut que je fasse quelque chose…

Et cette « chose » qu’il devait faire n’était pas des moindres ! Rumpel avait fini par ramener la magie à Storybrooke. Bien qu’elle ne l’eut pas dit immédiatement, la nouvelle ne plus pas du tout à Belle. Il n’avait donc pas changé ? Il était donc toujours autant obsédé par son pouvoir ? Quand elle lui avait demandé ce qui l’avait poussé à faire cela, il avait répondu que la magie était le pouvoir. Non, il n’avait pas changé ! Bien évidemment puisqu’elle n’avait jamais pu revenir vers lui.

Elle passa alors l’éponge sur ce désagrément. Après tout, il lui faudrait du temps pour changer, il lui faudrait de l’aide aussi. Et elle était tellement heureuse de l’avoir retrouvé qu’elle préférait bien plus l’embrasser que le quitter une nouvelle fois. Après qu’il eut fait ce qui devait être fait, Belle put raconter à Rumpel ce que Regina lui avait subir mais lui expliqua qu’elle refusait à se venger. Pour elle, c’était s’abaisser au niveau de la Méchante Reine et ça n’en valait vraiment pas la peine…
Mais, première déconvenue, Belle découvrit, alors qu’ils venaient de revenir au magasin, que Rumpelstilskin était bien décidé à se venger. Elle avait surpris une conversation qu’il avait avec Blanche-Neige et son mari. Bouleversée, elle était allée faire une longue balade durant laquelle elle avait pu repenser toute sa vie. Elle s’était souvenue de son désir de retourner auprès de lui et de se battre pour lui et avait fini par revenir dans la boutique. Lorsqu’il lui avait dit qu’il n’était qu’un monstre et qu’elle devait le quitter, elle avait objecté en disant que c’était précisément pour cela qu’elle devait rester.



Mais à Storybrooke comme ailleurs, la vie n’est jamais paisible. Comme j’aimerais pouvoir dire qu’elle vécue heureuse et eut avec Rumpelstilskin beaucoup d’enfant. Mais nous ne sommes plus dans un conte de fée, la réalité est bien plus dure. Et, alors qu’une nouvelle aube se lève, alors qu’elle Belle dort paisiblement dans les bras de son amant, elle ne se doute pas encore que de terribles nouvelles s’annonces, matérialisées par les voiles d’un bateau pirate qui se rapproche lentement de Storybrooke…